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Il y a cinq siècles que les liens se tissent entre la manufacture textile et la région lyonnaise, réputée pour ses nombreux savoir-faire. Une expertise qui a fait la réputation du territoire, devenu un acteur de référence dans l’Hexagone et auprès de ses homologues européens, même après l’éviction de l’industrie soyeuse au profit de nouveaux usages vestimentaires et techniques. Aujourd’hui, Auvergne Rhône-Alpes est la première région textile de France, regroupant plus 16 971 emplois directs, répartis dans quelque 615 entreprises qui génèrent près de 3,35 milliards de chiffre d’affaires (soit 25 % du CA national). Selon l’organisation professionnelle régionale textile Unitex, en 2016, la filière a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires global de 1,54 % et les effectifs ont progressé de 2,12 %.

Une large palette de compétences

Tous les marchés d’application se retrouvent sur le territoire, que ce soit dans le prêt à porter, la décoration, l’agriculture, les emballages, le génie civil (géotextile, environnement, etc.), l’industrie, le médical, la protection individuelle (vêtements de protection et autres équipements notamment), le transport, le luxe ou les tissus techniques. Ce dernier axe étant d’ailleurs l’un des plus développés, puisque grâce à l’expertise rhônalpine, la France est l’un des principaux acteurs mondiaux du secteur technique avec le Japon, les États-Unis et l’Allemagne. Sur les 548 entreprises du domaine comptabilisées dans l’Hexagone, près de 30 % de la masse salariale et 70 % de la production européenne sont en Auvergne Rhône-Alpes. Le carnet d’adresses est donc bien rempli et les grands noms s’y retrouvent : Porcher, Hexcel (qui a inauguré en 2017 l’extension de son site d’Avenières, devenant la plus grande usine au monde de tissage de fibres de carbone), Thuasne, Gibaud, Decathlon, Maison Lejaby, etc. Tout cela, sans compter les ateliers et les petites sociétés en lien avec les maisons de haute couture (Chanel, Hermès, LVMH, Richemont), qui sont à la recherche d’une main d’œuvre qualifiée pour préserver le « made in France ».

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De multiples atouts

Ce vaste marché est très actif et ce n’est pas dû au hasard. De la recherche et développement au produit fini, on retrouve l’ensemble de la filière en Auvergne Rhône-Alpes. Une fertilisation croisée entre les intelligences créatives, technologiques, fonctionnelles et même prospectives, qui fait fonctionner la locomotive économique du secteur et offre de nombreuses opportunités d’emplois. Pourtant, les entreprises ont du mal à recruter. La faute à un injuste déficit d’image, imputé à une filière pourtant toujours plus innovante, en quête de talents hautement qualifiés. Comme le rappelle l’organisation Unitex, premier relais d’informations en matière de recrutement, la filière prévoit d’embaucher d’ici à cinq ans de 3 500 à 5 000 personnes (soit 1 000 embauches par an), pour répondre à un besoin urgent de main d’œuvre dans la production (60 %) et dans les fonctions support (40 %).

Les profils cadres en vue

Le développement de certains marchés d’application (transports, sport & loisirs, bâtiment, médical-santé, industrie-environnement) et les textiles innovants, en particulier dans l’axe « tissu connecté » (vêtements de sport, médical, habitat, voitures, avions ou plus récemment, les routes) génèrent de nouveaux besoins. Parmi les profils recherchés actuellement, on trouve notamment les chargés de projet informatique, les ingénieurs en conception, support technique, études et industrialisation, mais également les chefs de produit et les cadres commerciaux. « La conjoncture actuelle montre que les marchés du luxe et du haut de gamme, ainsi que les marchés textiles techniques, sont très bien orientés. Les entreprises qui innovent, qui créent de nouveaux produits, de nouvelles collections ou supports textiles (armures, fonctionnalités, matières, etc.), ont besoin de talents parfois issus d’autres secteurs », souligne Pierric Chalvin, délégué général Unitex.

PROPOS RECUEILLIS

Robin Oddon
Chargé de communication du pôle de compétitivité des textiles et matériaux souples en région Auvergne Rhône-Alpes Techtera.

« Il est intéressant de disposer de profils capables de faire des ponts entre le secteur textile et les industries proches »

« Dans les textiles techniques, l’un des facteurs clés de succès reste le degré d’innovation de l’entreprise et de ses produits. Les profils d’ingénieurs/chercheurs en textiles/matériaux sont donc nécessaires au bon développement d’une entreprise sur ces marchés. Il est intéressant de disposer de profils capables de faire des ponts entre le secteur textile et les industries proches (chimie ou plasturgie). Il faut valoriser le caractère innovant de l’industrie textile : depuis 2005, Techtera a labellisé et accompagné 200 projets de R&D collaboratifs ayant obtenu des financements, impliquant entreprises, universités, écoles et centres de recherche (essentiellement en région Auvergne Rhône-Alpes), et portant sur des applications et développements sur tous les marchés d’application du textile. Contrairement aux idées reçues, c’est un secteur en croissance pour la partie textile technique. Le textile est un secteur innovant et dynamique, fournissant des solutions à des domaines de pointe. La région est la place forte du textile technique en France. La majeure partie des entreprises sont des PME, proposant des tissus à destination de marchés porteurs comme la santé, les transports (aéronautique notamment) ou la protection individuelle, mais pas seulement. Le pôle est notamment partenaire du projet PERFECT*. En ce sens, il est responsable de la mise en place d’une halle technique, espace dédié à la pré-industrialisation et à la formation par l’innovation des jeunes et des salariés, sur des outils semi-industriels portant sur des technologies d’avenir pour la filière. »

*Pôle d’excellence Rhône-Alpes Auvergne pour la formation, l’emploi et les compétences textiles.