L'INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE mise sur la bio et l'innovation

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Filières & métiers
Publié le jeudi 14 juin 2018
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Au sein de la première région industrielle de France, l’agroalimentaire est un secteur de référence. Des productions de grande envergure aux approches de pointe, les compétences sont multiples.

L’écosystème de l’industrie agroalimentaire en France représente 427 213 emplois (dont 10 864 créations de postes depuis trois ans). Un secteur d’excellence, que la région Auvergne Rhône-Alpes a contribué à développer. En 2017, le territoire comptait près de 60 234 salariés dans l’agroalimentaire. De part ses caractéristiques environnementales uniques (3e région de France par sa superficie), elle accueille des productions variées dont, notamment, la viande (1er chiffre d’affaires de l’agroalimentaire régional en 2016), les céréales (3e région productrice de maïs), la production laitière (2e pour les exploitations et la fabrication), fruitière (1er verger de France), la viticulture (43 AOP) et la bio (1ère en termes d’exploitations). La région a également su attirer les talents, puisque de grands groupes (Lactalis, Martinet, Pasquier, Nestlé) font partie de ce vaste réseau économique.

L’investissement de tout un territoire

Selon le panorama des industries agroalimentaires (IAA) 2017, établi par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, cinq secteurs concentrent près de 90 % de l’emploi en Auvergne Rhône-Alpes : industrie des viandes (24 %), autres produits alimentaires (20 %), industrie laitière (17 %), produits de boulangerie (13 %) et boissons (12 %). Au sein de cette structuration, quatre départements se distinguent : Drôme (5 610 salariés), Loire (5 226), Rhône (4 570) et Isère (4 028). L’une des grandes particularités de cette industrie est sa capacité à atteindre des territoires où d’autres peinent. La région accueille ainsi des PME, des grandes entreprises régionales et poly-régionales (Evian, Bledina, Entremont Alliance, Candia, etc.). Si les cadres ont toute leur place dans cette filière, ces profils ne sont pas les plus recherchés actuellement, comme le rappelle Anne-Sophie Sarazin, chargée de mission agroalimentaire pour l’Association régionale des industries agroalimentaire d’Auvergne Rhône-Alpes (ARIA) : « Comme dans toutes les industries, les métiers liés à la production et la maintenance sont les plus en tension, que ce soit dans les PME (majoritaires sur le territoire) ou les grandes entreprises. L’industrie agroalimentaire souffre parfois d’une mauvaise image. L’ARIA intervient notamment sur les salons professionnels pour faire découvrir les métiers et nous proposons aussi aux prescripteurs de l’emploi des parcours d’immersion découverte pour avoir une véritable vision des métiers. On n’imagine pas le nombre de fonctions qui existent. Nous mettons également l’accent sur l’industrie du futur, avec toutes les évolutions technologiques qui influent sur la structure des postes (introduction de la robotique, de la réalité virtuelle). Les fonctions cadres très demandées par les diplômés (hygiène, qualité, environnement, marketing) ne sont pas forcément les plus présentes dans la région. Par contre, les cadres commerciaux sont recherchés et ils évoluent rapidement vers le management. »

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Une filière qui évolue

L’agroalimentaire est l’une des filières industrielles les plus innovantes. Les start-up sont les premières à se placer sur le marché des « Foodtech ». Remplacer certains aliments par des composants de synthèse, valoriser la consommation d’insectes, mais également développer le blockchain (traçabilité et transparence) et les technologies (caméras hyper spectrales, robots, drones, etc.), la filière s’industrialise toujours plus, avec un besoin croissant de main d’œuvre en R&D, informatique, ingénierie et commerce. Comme le souligne Lyon French Tech : « Un premier recensement des start-up a permis de mettre en évidence que l’écosystème Foodtech Lyon AURA a contribué à l’émergence d’une cinquantaine de start-up depuis six ans, sur des domaines extrêmement variés et sur l’ensemble de la chaine de valeurs. » Au travers du réseau thématique #FoodTech, Lyon French Tech vise à accompagner les porteurs de projets novateurs (ingénieurs agronomes, informaticiens, développeurs web, cadres commerciaux), et à les mettre en relation avec les acteurs de la profession.

La bio comme projet futur

En 2017, la filière biologique représentait près de 38 200 emplois (hors production) et 2 000 dans les fonctions supports et recherche. Sur le territoire, l’objectif est de dépasser les 30 % de producteurs bio d’ici 2021, via, notamment, un Programme de développement agricole qui soutient la promotion, le développement et l’innovation. Ce projet mobilise les partenaires R&D locaux et permettra de développer les métiers hors production (techniciens et ingénieurs, spécialistes en maîtrise des flux et des consommations énergétiques, génie rural, contrôle qualité et conseil, etc.). Organics Cluster, pôle de référence sur le territoire, œuvre dans ce sens, en s’investissant auprès des acteurs régionaux avec la marque « Bio Auvergne Rhône-Alpes », qui valorise les productions locales labellisées.

Interview

Cécile Millet
Experte emploi-formation de l’Association paritaire pour l’emploi des cadres ingénieurs et techniciens issus des secteurs de l’agriculture, l’agroalimentaire et l’environnement (APECITA).

Quel est le profil de l’industrie agroalimentaire en Auvergne Rhône-Alpes ?

La région est la première en France en nombre d’établissements (2 527 entreprises). L’une des principales caractéristiques du territoire est qu’il réunit beaucoup de PME (76 % des entreprises ont moins de 10 salariés).

Quels sont les secteurs porteurs dans l’industrie agroalimentaire ?

Les secteurs où l’on trouve des opportunités actuellement sont ceux de l’industrie de la viande (charcuterie sèche), les boissons (eau et vin) et l’industrie laitière (la région concentre la moitié des appellations fromagères de France). On constate également aujourd’hui que le métier de commercial commence à connaître quelques tensions.

Quels sont les profils recherchés ?

Si les entreprises ont moins de difficultés à recruter un chef de région à bac + 5, il n’en va pas de même pour un poste de commercial terrain. Même chose pour la maintenance, l'automatisation et la fabrication. Dans les fonctions cadres, les techniciens de laboratoire et les contrôleurs qualité sont aussi très recherchés. Les candidats doivent être polyvalents. Le responsable qualité pourra intervenir sur des questions liées à l’environnement, la production, la R&D et parfois même, au recrutement. Dans certaines entreprises, on voit apparaître des postes de pilote process/coordinateur. Son rôle est celui d’un facilitateur organisationnel et technique, à l’interface de toutes les composantes de l’entreprise. Enfin, on peut également citer les métiers en lien avec l’environnement, notamment dans l’eau, via le traitement des effluents : même si l’on sort du champ de compétences strictes du secteur, ils sont très plébiscités.

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